Charles de CHATILLON. 1777-1844.
Miniaturiste.

Portrait miniature de Charles-Marie Bonaparte. Circa 1805.


Miniature à l’imitation du camée, signée en bas à droite « Chatill », sous verre, dans un boitier en laiton doré, avec anneau.

Dimensions : forme ovale, 4 x 5 cm


Portrait en buste de Charles-Marie Bonaparte (1746-1785), père de l’Empereur Napoléon, d’après le portrait posthume réalisé par le peintre Anne-Louis Girodet-Trioson en 1805. La miniature est traitée très finement à la manière du camée, sur un fond rouge ocre imitant l’agathe.

Les portraits du père de l’Empereur sont extrêmement rares dans l’iconographie napoléonienne. Ayant le souci de légitimer la nouvelle dynastie des Bonaparte, Napoléon souhaita honorer l’image du pater familias, mort vingt ans plus tôt sans avoir vu l’ascension fulgurante de son fils. Plus que par piété filiale, Napoléon tenait à rappeler « le caractère aristocratique de son origine, en faisant mettre en scène son père avec les atours de la noblesse. » C’est aussi l’époque où Napoléon devenu empereur, fit exécuter auprès des artistes en vogue du nouveau régime, une série de portraits de sa propre personne, en gloire, revêtue de tous les symboles de la puissance impériale. Il se tourna alors vers le peintre Girodet, élève de David, pour réaliser le portrait posthume de Charles Bonaparte. Il est très probable que l’artiste peignit ce portrait d’après une miniature familiale aujourd’hui disparue, et qu’aurait pu conserver Madame mère. Dans tous les cas, les traits du personnage furent certainement assez ressemblants pour que Girodet reçoive l’approbation de la famille impériale, et présente son œuvre dès 1805.

 

Charles de Chatillon, secrétaire et artiste de Lucien Bonaparte

 

Notre portrait est ici l’œuvre de Charles de Chatillon (1777-1844), un des premiers miniaturistes à avoir inauguré la mode des portraits à l’imitation du camée antique, avec Parant, Degault et Coupin de La Couperie. Il exposea aux salons dès 1795, présentant plusieurs suites de portraits miniatures, dont quelques-uns de grands formats, montrant ses talents de miniaturiste avec des « camées à thème antique » dès 1801.

Le « genre camée », était alors très en vogue sous le Directoire et le Consulat ; il rappelait les trésors archéologiques du sud de l’Italie romaine, et glorifiait les arts de l’Antiquité qui seront mis à l’honneur sous l’Empire. Cette peinture en trompe l’œil imitant les gravures sur pierre dure comme la sardoine, l’agate, ou la sardonix, demandait une grande virtuosité que seul un petit nombre d’artistes développèrent.

 

Charles de Chatillon était devenu le secrétaire de Lucien Bonaparte sous le Consulat. La duchesse d’Abrantès parle dans ses Mémoires, du « comte de Chatillon, un de ses amis, que les malheurs de la Révolution avaient jeté dans la carrière des arts, qui s’en était fort glorieusement tiré et que l’exil de Lucien n’avait pas arrêté pour le suivre en Italie. Il habitait avec lui et dirigeait l’administration des beaux-arts de son intérieur » [Duchesse d’Abrantès, Mémoires, éd. 1893, tome VII, p.110]. Dans ses Mémoires inédits, Lucien atteste des liens très proches qu’il noue avec « le petit Chatillon – jeune peintre en miniature – bien qu’homme de qualité – double mérite à avoir du talent et qui m’est toujours resté attaché. »

Il réalisa de nombreux dessins et portraits de la famille de Lucien, et profitera de ses liens privilégiés pour côtoyer des artistes attachés aux Bonaparte, tels Wicar, Dupré, Fabre ou mieux encore, Ingres et Girodet que notre artiste copie à plusieurs reprises. Il présenta d’ailleurs au salon de 1814 sous le n°1244 Endymion d’après Girodet.

Charles de Chatillon fut aussi chargé de dessiner les illustrations de Charlemagne ou l’Eglise délivrée, poème épique composé par Lucien Bonaparte et publié en 1814. L’artiste publiera en 1842 ses mémoires sous le titre Quinze ans d’exil dans les Etats Romains pendant la proscription de Lucien Bonaparte, source de nombreuses anecdotes concernant la vie de famille de Lucien et d’Alexandrine de Bleschamp.

 

 

Œuvres en rapport

-       Girodet, portrait de Charles Bonaparte. 1805. Musée du Château de Versailles, MV 4557, collection Louis Bonaparte, confisqué par Napoléon             en 1810.

-       Girodet, portrait de Charles Bonaparte. 1806. Musée Fesch, MNA 839, collection de Madame mère, légué au cardinal Fesch en 1836.

 

Bibliographie

-     Nathalie Lemoine-Bouchard. Les peintres en miniatures. 1650-1850. Paris, Les Editions de l’Amateur, 2008. Art. Charles de Chatillon, pp.156-157.

-     Neil Jeffares. Dictionary of pastellists before 1800. Art. Charles de Chatillon.

-     T. Caracciolo é I. Mayer-Michalon. Lucien Bonaparte. 1775-1840. Un homme libre. Catalogue d’exposition, Ajaccio, Palais Fesch, 2010.

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