Adolphe William BOUGUEREAU. 1825-1905. Artiste peintre.

Femmes d’Alger dans leur appartement d’après Delacroix.

Circa 1846-1850.


Huile sur toile 33 x 41 cm

Originaire de la Rochelle où il effectue un apprentissage à l’Ecole des Beaux-arts de Bordeaux, Adolphe William Bouguereau intègre l’atelier de Picot à Paris en 1846, haut lieu de l’enseignement académique. En 1850, vainqueur du prix de Rome pour son oeuvre Zénobie retrouvée par les bergers sur les bords de l’Araxe il se rend en Italie où il parfait sa formation et observe les peintres italiens. Ce voyage initiatique des peintres académiques semble le conduire à la représentation de sujets historiques et religieux. A son retour en France, ses compositions se démarquent et font l’objet d’acquisitions par l’Etat et par des collectionneurs étrangers. A compter de 1866, il est représenté par le marchand d’art Paul Durand-Ruel, ce qui augmente considérablement sa notoriété auprès des collectionneurs américains. A cette célébrité s’ajoute les récompenses, il devient ainsi en 1876 membre de l’académie des Beaux-arts, il reçoit de nombreuses médailles à l’occasion d’expositions et est décoré de la Légion d'honneur. Tout en exposant régulièrement au Salon, il dispense son enseignement à l’Académie des Beaux-arts de Paris ainsi qu’à l’Académie Julian. Peintre académique par excellence, il sera sollicité pour les réalisations de commandes publiques, notamment pour le décor du plafond du Grand théâtre de Bordeaux, mais également à Paris où il réalise des ensembles décoratifs pour les églises Sainte-Clothilde et Saint-Augustin.


Signature et cachet au dos de la toile Adolphe William BOUGUEREAU 1825-1905. 

Femmes d’Alger dans leur appartement d’après Delacroix. Circa 1846-1850. 

Huile sur toile 33 x 41 cm 

Esquisse effacée 

Adolphe William BOUGUEREAU 1825-1905

Femmes d’Alger dans leur appartement d’après Delacroix. Circa 1846-1850. 

Huile sur toile 33 x 41 cm

Collection privée 

Ce tableau s’inscrit dans les œuvres de jeunesse William Bouguereau et témoigne des méthodes d’apprentissage de l’époque, consistant notamment à copier ses prédécesseurs. Le cachet du marchand de couleurs Deforge au dos du tableau nous permettent de dater l’œuvre entre 1840 et 1856 et la signature caractérisée par une typologie du début de sa carrière nous permet de penser que l’œuvre se situe entre son entrée à l’atelier de Picot en 1846 et son départ pour Rome en 1850. Une esquisse effacée pour une autre œuvre dont le châssis a servi de support à notre tableau a été retrouvée, celle-ci a depuis été ôtée . Il est intéressant de constater que Bouguereau s’est inspiré de Delacroix, alors même que les historiens de l’art ont par la suite souvent souligné les dissemblances entres ces deux artistes. 

Delacroix peint son célèbre tableau Femmes d’Alger dans leur appartement en 1834, à la suite d’un voyage qu’il effectue au Maroc et en Algérie. C’est là, à Alger, qu’un corsaire turc l’autorise à visiter son harem. Dans cette vision il puise son inspiration pour ce chef d’œuvre de l’orientalisme qui enrichit de motifs nouveaux le répertoire esthétique de la seconde moitié du XIXème siècle. 

L’Orient, objet de tous les fantasmes depuis le XVIIème, est alors un passage obligé pour les artistes au même titre que la représentation de sujets mythologiques ou religieux. Pour Victor Hugo l’Orient devient, « pour les intelligences autant que pour les imaginations, une sorte de préoccupation générale » (Victor Hugo, préface des Orientales, 1829). Théophile Gautier souligne quant à lui l’importance de ce thème et de cette ambiance picturale pour les futures générations d’artistes en écrivant « Le voyage d’Alger devient pour les peintres, aussi indispensable que le pèlerinage en Italie : ils vont apprendre le soleil, étudier la lumière, chercher des types originaux, des mœurs et des attitudes primitives et bibliques ». Aux grands maîtres de la Renaissance et du classicisme s’ajoute désormais la copie des peintres orientalistes. Œuvre majeure de l’histoire de l’art français, Femmes d’Alger dans leur appartement sera une source d’inspiration pour toute une génération, après la mort de Delacroix, et à la suite du transfert du tableau du Luxembourg au Louvre, Henri Fantin-Latour l’auteur de Hommage à Delacroix, en réalisera une copie. Peintre de femmes, il semble tout naturel que William Bouguereau ait voulu s’exercer à représenter cette scène d’intimité féminine, clef de voute de l’un des mouvements artistiques les plus en vogue à son époque. Comme le révèlent les collections publiques, de nombreux artistes s’exerceront à copier cette œuvre iconique, qui ne cessera d’inspirer les peintres. 

Eugène Delacroix, 

Femmes d’Alger dans leur appartement, 1834 

Huile sur toile, 180 x 229 cm, 

Musée du Louvre 

Photo (C) RMN-Grand Palais 

Henri Fantin-Latour, 

Femmes d’Alger dans leur appartement d’après Delacroix 

1876 

Huile sur toile, 73,9 x 93,8 cm 

Musée Eugène Delacroix 

Photo (C) RMN-Grand Palais 

Œuvres en rapport dans les collections publiques et particulières 


- Eugène Delacroix, Femmes d’Alger dans leur appartement. 1834. Huile sur toile, 180 x 229 cm, musée du Louvre

- Henri Fantin-Latour, Femmes d’Alger dans leur appartement d’après Delacroix. 1876. Huile sur toile, 73,9 x 93,8 cm, Musée Eugène Delacroix

- Georges Jouve, Scène algérienne, femmes d'Alger (d'après Eugène Delacroix). Avant 1897. Huile sur toile, 177 x 228 cm, Saint-Brieuc, Musée d’art et d’histoire

- Maurice Leclercq, Femmes d’Alger (d’après Eugène Delacroix). 1895. Huile sur toile, 197 x 242 cm, musée de la Lunette

- Pablo Picasso, Femmes d’Alger (version O).1955. Huile sur toile, Collection particulière


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