Atelier de Henri BEAUBRUN (1603-1677) et Charles BEAUBRUN (1604-1692).

Portrait de Philippe de France, duc d’Anjou enfant 

1642 


Huile sur panneau 

Annoté dans la partie supérieure : « Le Duc d'Anjou âgé de Deux. Ans Deux mois 1642 » 

Dimensions : 35 x 26,5 cm 

Les Beaubrun 

Martin LAMBERT (1630-1699). Henri et Charles Beaubrun peignant un portrait de la reine Marie-Thérèse .1675 

Huile sur toile, 146 x 180 cm 

Château de Versailles 

Henri Beaubrun naît à Amboise en 1603. Son père est valet de la garde-robe du roi Louis XIII, qui l’introduit auprès de la famille royale où il sera tout d’abord nommé porte-arquebuse du Roi puis valet de la garde-robe du Roi à la mort de son père. Il se forme à la peinture auprès de son oncle Louis Beaubrun et grâce à l’intervention de Louis XIII qui remarque ses talents de dessinateur, il suit la formation de l'Académie Royale de peinture et de sculpture, dont il deviendra par la suite trésorier et professeur. 

Charles Beaubrun naît à Amboise en 1604. Son père est valet de chambre du Roi et il suit avec son cousin les enseignements de peinture dispensés par leur oncle. D'abord membre de l'Académie de Saint-Luc, il devient membre de l'Académie royale le 2 septembre 1651. Il achète la charge de contrôleur de décimes de la généralité de Caen et s’installe avec son cousin rue des Deux Écus. Très proches, l’oeuvre des deux peintres est indissociable et ils collaborent sur l’ensemble de leurs tableaux, faisant même une démonstration devant un Louis XIV amusé et médusé qui les fait sans cesse changer de main lors de la réalisation d’un portrait. D'une famille ayant toujours tenu des charges à la cour, les Beaubrun sont bien vus du Roi Soleil, et sont même considérés comme avoir peint le monarque avant même sa naissance, puisqu’ils sont choisis par l’ambassadeur d’Angleterre pour faire le portrait d’Anne d’Autriche, alors enceinte de huit mois. Quelques mois plus tard ils réalisent le portrait du futur roi alors âgé de huit jours. Ils peignent ensuite le souverain à tous les âges et réalisent des portraits de toute la famille royale. Toutefois, entre 1640 et 1654 ils ne signent aucune de leurs oeuvres et Georges Wildenstein indique à ce sujet qu’il « y a là encore des oeuvres à retrouver ».

Le Portrait du « petit Monsieur »



Philippe de France, fils de France, titré à sa naissance Duc d’Anjou puis Duc d’Orléans en 1660, né le 21 septembre 1640 à Saint-Germain-en-Laye et mort le 9 juin 1701 au château de Saint-Cloud, est un prince de la famille royale française, fils de Louis XIII et d’Anne d’Autriche, et frère cadet de Louis XIV. Affectueusement appelé le « petit Monsieur » pour le distinguer de son oncle Gaston d’Orléans frère de Louis XIII, il prendra par la suite le titre de « Monsieur » réservé sous l’ancien régime au frère le plus âgé du roi. Ecarté très tôt des activités de commandement afin d’éviter qu’il ne développe des appétences pour le pouvoir, il est principalement élevé par sa mère et les femmes de la Cour.

Anonyme français. Anne d'Autriche, régente, Louis XIV et Philippe de France, duc d'Anjou, XVIIème siècle 

Huile sur toile, 188 x 185 

Château de Versailles 

Plusieurs représentations du frère du roi enfant existent, mais il est souvent accompagné de sa mère Anne D’Autriche et de son frère. Notre oeuvre doit d’ailleurs être rapprochée d’un autre tableau représentant le dauphin et son frère, aujourd’hui conservé au musée Sa Bassa Blanca de Majorque qui détient une importante collection de portrait d’enfant. Dans ce tableau les deux princes portent des costumes de satin, celui de Louis est brodé d'or tandis que celui de Philippe est couvert d'argent. Ils sont tous deux coiffés d’un béguin, jaune pour le futur monarque et bleu pour son petit frère. Ce dernier tient une colombe blanche symbole du Saint-Esprit que caresse Louis. Tous deux sont parés du cordon de l’Ordre du Saint-Esprit, reçu par les fils de France dès leur baptême. Ils sont assis dans deux fauteuils recouverts de velours violet et de passementerie d'or, devant un rideau du même velours et des mêmes ornements. Dans notre oeuvre, Philippe de France porte exactement les mêmes atours, ce qui nous permet de penser que les deux peintures ont été réalisées au même moment. En 1899, le double portrait apparaît dans le catalogue de vente de la collection Broadwood à Londres. Il est conservé en Angleterre jusqu’en 1981. D’après les informations fournies par le musée de Sa Bassa Blanca, son origine pourrait indiquer qu’il s’agissait d’une oeuvre envoyée par Anne d’Autriche à la cour d’Angleterre en vue d’un mariage, comme elle le fera plus tard pour la cour d’Espagne. Notre tableau d’un format plus réduit et plus intimiste pourrait quant à lui s’agir d’un objet plus personnel. La précieuse inscription de notre tableau permet de dater précisément les deux oeuvres, étant indiqué que l’enfant est âgé de deux ans et deux mois, elles ont été réalisés aux alentours du mois de novembre 1642. Il s’agit donc à notre connaissance de la première représentation connue du « petit Monsieur ».


Atelier des BEAUBRUN Henri (1603-1677) et Charles (1604-1692). 

Portrait de Philippe de France Duc d’Anjou enfant

1642 

Huile sur panneau, 35 x 26,5 cm 

Annoté dans la partie supérieure : « Le Duc d'Anjou âgé de Deux. Ans Deux mois 1642 » 

Ecole française du XVIIème, attribué à Charles BEAUBRUN. 

Portrait du dauphin Louis Dieudonné et de son frère Philippe de France Duc d’Anjou. 1642 

Huile sur toile, 115.5 x 95.2 cm 

Musée Sa Bassa Blanca 

© Museo Sa Bassa Blanca - Fundación Yannick y Ben Jakober 

Bibliographie :

- Augé Claude (Dir.), Larousse universel en 2 volumes : nouveau dictionnaire encyclopédique, t.1, Larousse, Paris, 1922, p.13

- Bénézit Emmanuel, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Paris, 1939

- Christie, M. & Woods. (1899). Catalogue of the valuable collection of pictures by old masters of H.F. Broadwood, Esq. ...: also, pictures

   from the collection of Sir Richard Westmacott, R.A., and pictures, the property of Lord Leigh and others. London : Christie, Manson &             Woods.

- De Saint-Georges Guillet, Henri et Charles Beaubrun, in Mémoires inédits sur la vie et les ouvrages des membres de l’Académie Royale,

   t.1, p. 137-146.

- Guérin Paul (Dir.), Dictionnaire des dictionnaires. Lettres, sciences, arts, encyclopédie universelle,

- Wildenstein Georges, « Les Beaubrun » in Gazette des Beaux-Arts, novembre 1960, p. 261-274.

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