MANUFACTURE de DIHL & GUERHARD

Les assiettes du service or


Assiette à dessert pour « coupe le fruit » du service or de l’Impératrice Joséphine.

Circa 1811-1813.

Assiette en porcelaine fond or à l’imitation du vermeil, ornée en son centre des grandes armes de l’Impératrice en or mat, aile décorée en suite de deux frises de feuillage également en or mat ; marquée à la vignette en rouge Mre de Dihl et Guérhard à Paris et numéro d’inventaire.


Diamètre : 24,5 cm

Assiette à dessert pour « coupe le fruit » du service or du Prince Eugène de Beauharnais, vice-Roi d’Italie.

Circa 1812-1813.

Assiette en porcelaine fond or à l’imitation du vermeil, du même modèle que celui de sa mère l’Impératrice Joséphine, ornée en son centre du chiffre « E » en anglaise en or mat, aile décorée en suite de deux frises dont avec rosette de feuilles de lierre également en or mat ; marquée à la vignette en rouge Mre de Dihl et Guérhard à Paris et numéro d’inventaire.


Diamètre : 24,5 cm


Provenance :

Prince Eugène de Beauharnais (1781-1824), Vice-Roi d’Italie prince de Venise, grand-duc de Francfort, duc de Leuchtenberg et prince d’Eichstätt.

Prince Maximilien de Beauharnais (1817-1852), duc de Leuchtenberg puis prince Romanovsky par son mariage avec la fille du Tsar Nicolas Ier.

 

Historique d’une commande impériale

En refusant pour excès de sévérité le service Egyptien en porcelaine de Sèvres qu’elle avait commandé à la manufacture impériale avec le crédit de 30.000 francs que Napoléon lui avait accordé à la suite de leur divorce, Joséphine se tourne vers la manufacture privée parisienne de Christophe Dihl et commande un important service à dessert de 213 pièces qui sera livré entre mai 1811 et 1813, pour une somme totale de 46 976 francs.

Ce service comprenait notamment 80 assiettes à tableaux et 24 assiettes pour couper le fruit à fond entièrement en or, portant au centre les armoiries de l’Impératrice. De son côté, à une date inconnue, mais antérieure à la mort de sa mère en 1814, le prince Eugène de Beauharnais passe également commande d’un service semblable auprès de la manufacture de Dihl et Guérhard.

Le service du prince Eugène est d’une composition légèrement plus réduite, comportant 48 assiettes à tableaux mais également 24 assiettes à fond or décorées au centre du monogramme E du prince Eugène.

 

Le service de la famille Beauharnais

La plupart des pièces du service sont enregistrées sous le numéro 430 de l’inventaire après décès de l’Impératrice, dans les rubriques consacrées à la porcelaine riche (1814). A la mort de Joséphine, le prince Eugène hérite du service de sa mère. En 1816, il réunit les deux services au palais de Leuchtenberg à Munich. L’ensemble est envoyé à Saint-Pétersbourg en 1839 à l’occasion du mariage du dernier enfant du prince Eugène, Maximilien, troisième duc de Leuchtenberg (1817-1852), avec la grande duchesse Maria Nicolaevna, fille du tsar Nicolas Ier. Il demeure la propriété des ducs de Leuchtenberg jusqu’à son séquestre au lendemain de la Révolution russe et à son entrée dans les collections du musée de l’Ermitage pour 93 d’entre elles, le reste des services sera vendu par le régime soviétique. Le musée du château de Malmaison conserve 53 pièces de ce service dont 36 ornées de peintures dites à tableau.

 

La manufacture Dihl et Guérhard

La manufacture de porcelaine de Dihl et Guérhard est l’une des rares manufactures parisiennes nées sous l’ancien régime à avoir survécu à la révolution française et rencontré un grand succès au début du XIXe siècle. Les recherches de Dihl sur les couleurs, les variétés de fonds obtenus, imitant l’agate, le lapis, le jaspe, l’écaille, le vermeil ou le bronze patiné à l’antique, associées aux pinceaux de peintres talentueux, Le Guay ou Sauvage mais également Drölling, Demarne ou Swebach permet à la manufacture d’être considérée à la fin du XVIII e siècle et sous l’Empire comme l’une des premières en Europe. Dihl tente ainsi de hisser la porcelaine à un rang supérieur dans la hiérarchie des arts. Napoléon se tourne ainsi vers cette manufacture particulière et non pas vers la manufacture de Sèvres pour offrir en 1804 au Roi Charles IV d’Espagne une table en bronze doré ornée de plaques peintes par Le Guay et Sauvage (Régine de Plinval de Guillebon, Faïence et Porcelaine de Paris, XVIIIe -XIXe siècle, 1995, p. 294). La Cour d’Espagne reçoit également en 1804 une très grande paire de vases fuseau à fond écaille aujourd’hui conservés au Palais Royal de Madrid. Un autre très grand vase fuseau à bandeau sur fond or mesurant un mètre de haut, peint par Le Guay d’un Enlèvement des Sabines en grisaille, aujourd’hui conservé au Victoria and Albert Museum de Londres, aurait peut-être été commandé par le Roi George IV d’Angleterre. La qualité de la dorure des assiettes des services de Joséphine et d’Eugène ne fait pas mentir Gouverneur Morris, représentant des Etats Unis à Paris lorsqu’il notait dans son journal en 1789 au sujet d’achats pour Georges Washington chez Dihl et Guérhard : « Nous trouvons que la porcelaine ici est plus élégante et meilleur marché que celle de Sèvres »


Bibliographie :

-       Bernard Chevallier. Art. Les Services de Dihl et Guérhard de l’Impératrice Joséphine et du Prince Eugène, in Sèvres, 1994, vol.3 pp. 25-29

         & 74-75.

-       Bernard Chevallier & Régine de Plinval de Guillebon. Art. L’Impératrice Joséphine et la porcelaine de Paris, in l’Objet d’Art, 2006 n°418

         pp.72-81/

-       Atalia Kasakiewitsch, art. Das Service des Eugène de Beauharnais, in Keramos, n°141, juillet 1993, pp.13-32.

-       Note de Mme Elisabeth Caude, conservatrice du Musée de la Malmaison, art pour la Fondation Napoléon. Une commande de Prestige

         auprès de la manufacture Dihl et Guerhard : les services de dessert de l’Impératrice Joséphine et du prince Eugène. Exposition Destins

         souverains, Joséphine, la Suède et la Russie, 2011-2012


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